Notre Dame d’Afrique

La basilique des chrétiens et des musulmans

« Que de souvenirs autour de cette basilique ! Quand j’étais petit, je venais jouer au foot avec les copains sur le parvis… » Azzedine vit depuis 54 ans à Bologhine, sur ce promontoire qui surplombe la baie d’Alger, près de Bab El Oued. Depuis un siècle et demi, la basilique Notre-Dame d’Afrique y affronte les vents de la mer et les caprices de la nature. Elle reçoit chaque année quelque 100 000 visiteurs et accueille avec la même bienveillance chrétiens et musulmans.

Notre Dame d’Afrique a été construite au milieu du XIXe siècle, sur une initiative de Mgr Pavy, évêque d’Alger de 1846 à 1866, qui voulait un sanctuaire sur le modèle de celui de Fourvière. Son style est inspiré de références romanes, byzantines et mozarabes. Les habitants du quartier, qui l’ont rebaptisée « Notre Dame l’Afrique » viennent s’y recueillir, prier, ou écouter la musique.

Bien sûr, en décembre dernier, Azzedine était présent pour fêter le nouveau visage de l’édifice après une rénovation qui aura duré trois ans. En 2003, le séisme de Zemmouri (Boumerdès), avait causé à la basilique un coup si fatal que Mgr Tessier, alors archevêque d’Alger, avait lancé un projet de restauration. Le chantier, qui ne commença qu’en 2007, associa Français et Algériens. Grâce à un chantier-école, vingt-huit jeunes Algériens ont été formés en alternance par les Compagnons du Devoir. Une partie de ces nouveaux artisans ont ensuite intégré les ateliers de la wilaya d’Alger pendant que d’autres sont en train de poursuivre l’aventure en rénovant la basilique Saint-Augustin à Annaba.

La restauration ne fut pas simple : au-delà des travaux classiques de rénovation d’un monument historique, il fallait aussi prévoir des travaux de renforcement parasismiques : les voûtes des clochetons et du campanile ont été démontées pierre à pierre pour être restaurées et remontées avec des nouvelles armatures en inox. Les voûtes en briques de la nef, de la tour lanterne et des absides du chœur ont été renforcées par des bandes de carbone. Objectif : rendre le sanctuaire moins vulnérable en cas de nouveau séisme.

Les vitraux, posés au XIXe siècle par le maître verrier Guilbert d’Auelle, d’Avignon, ont été exportés chez des maîtres verriers de Marseille puis ramenés en Algérie. Aujourd’hui, la basilique a retrouvé son éclat, d’un blanc cassé aussi éblouissant que le bleu de la Méditerranée en contrebas. «Bien que nous soyons musulmanes, ce lieu reste avant tout pour nous un lieu saint, assure Karima. Cela fait partie de nos traditions… Nous avons toujours été écoutées et reçues par les sœurs et Allah y entend nos prières comme n’importe où ailleurs…»

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