Chanter pour la Nubie

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Zakariya Tag El Sir, 42 ans, est originaire de Soheil, petite île nubienne au sud d’Assouan. Environ 2000 habitants vivent ici, les plus âgés d’entre eux sont arrivés dans les années 60, contraints à l’exil par la construction du grand barrage d’Assouan voulu par Nasser afin de réguler des crues annuelles du Nil et produire de l’électricité. Haut de 111 mètres et long de près de 4 km, le barrage a créé un lac immense dont la surface représente la moitié du territoire libanais. Il a non seulement englouti les terres de la Nubie, mais aussi son histoire.

La culture nubienne, héritière d’une des plus anciennes civilisations d’Afrique, est en Egypte la grande absente du roman national. La population nubienne est répartie le long du Nil, divisée entre le nord du Soudan et le sud de l’Egypte. Depuis l’accession du Soudan à l’indépendance en 1956, une frontière internationale coupe en deux le territoire ancestral des Nubiens.

Sur l’île de Soheil, Zakariya Tag El Sir est le seul musicien et acteur professionnel, membre de la célèbre troupe de théâtre égyptienne El Warsha, une des premières à se revendiquer du Théâtre Libre dans le pays. Sa vie est dédiée à la musique et c’est par elle qu’il a décidé de faire entendre la voix des Nubiens. Le musicien a ouvert en 2006 un centre pour enseigner aux enfants de Soheil les chansons et les histoires qui font partie de leur patrimoine, celui de la Nubie. Face au risque de l’oubli, de la mort lente d’une culture millénaire, Zakariya a pris les armes : son luth et sa voix.

Cet article a été produit dans le cadre de la plateforme Web Arts Resistances en collaboration avec BabelmedInkyfada, ONORIENT, Radio M et Tabasco video.

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