Le graphiste Rezâ Abedini et la “persiannité”

Rezâ Abedini, graphiste, est né en 1967 à Téhéran. Diplômé de la faculté des Beaux Arts de l’Université de Téhéran en 1992, il s’est particulièrement investi dans la peinture et le dessin. Il est l’un des plus célèbres représentants du graphisme iranien sur la scène internationale et a obtenu de nombreux prix nationaux et internationaux en raison de la qualité de son travail. En 2006, il a obtenu le prix de la Fondation néerlandaise Prinz Claus.

Rezâ Abedini, membre de l’Association des graphistes iraniens, est aussi écrivain et critique d’art indépendant. Il a collaboré avec le mensuel culturel Soureh et est aujourd’hui le responsable de la section d’art du magazine Manzar.

Il travaille actuellement en tant que graphiste indépendant, en particulier en collaboration avec les milieux du spectacle pour lesquels il a créé de nombreux logos mémorables. Mais son principal centre d’intérêt est le travail typographique, c’est pourquoi il s’investit particulièrement dans le travail graphique de presse.

Comme beaucoup de graphistes de la nouvelle génération, Rezâ Abedini a trouvé une source riche d’inspiration dans la tradition visuelle et calligraphique persane. Il est ainsi l’un des premiers à investir le potentiel des styles calligraphiques persans dans la typographie graphique et à développer de nouveaux styles typographiques.

Le style de Abedini est marqué par l’utilisation des codes et des images traditionnelles de l’art persan, qu’il n’hésite pas à mêler à l’art moderne pour les transformer en un code visuel transmettant bien plus qu’un simple message. Doté d’une forte personnalité artistique, Abedini n’hésite pas à radicalement modifier les concepts stylistiques de la calligraphie persane pour créer de nouvelles formes typographiques modernes mais rappelant toutefois étrangement leur identité traditionnelle persane. Il qualifie cette alchimie de “persiannité” lors d’une rétrospective de ses oeuvres graphiques à la Galerie Anatome à Paris en 2008.

En tant que critique, Abedini étudie et analyse soigneusement la relation entre les lettres typographiques et l’image. Il dit à ce propos : “Jusqu’à aujourd’hui, j’ai beaucoup parlé de la typographie persane, parce que j’estimais que les graphistes devaient savoir quel est le but et le sujet de leur travail, mais je suis arrivé à la conclusion que c’est lors de leur formation que les graphistes doivent faire connaissance avec ce sujet. Les jeunes doivent apprendre l’importance de la typographie et user de leur talent pour créer une typographie proprement iranienne qui utiliserait tout le potentiel de notre écriture.”

Rezâ Abedini enseigne à la fois le graphisme, la conception visuelle, les arts de la presse, le design d’affiche et la typographie dans différentes universités (Université de Téhéran, Ecole des Beaux-arts, Université Azâd et l’Université Al-Zahrâ). Son travail d’enseignant lui tient particulièrement à cœur et il dit à ce propos : “Le problème du graphisme iranien est que de nombreux graphistes ne connaissent ni le design ni la typographie comme ils le devraient et ce problème trouve sa source dans l’enseignement du graphisme en Iran. Le niveau des graphistes diplômés n’est pas le même que ceux qui ont travaillé selon leur inspiration et avec une vraie liberté créative. Je pense que mon devoir d’enseignant est de permettre à mes étudiants de développer leur propre créativité tout en ayant une solide connaissance de base.”

L’influence de Rezâ Abedini sur la jeune génération iranienne et le graphisme international laisse à penser que la représentation de la culture persane tend à s’affirmer dans le graphisme contemporain.

Article par Arafeh Hedjazi, publié avec l’autorisation de La Revue de Téhéran.

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